Séminaire du 24 Mai 2018 : « Circulation des films Nigérians en Afrique subsaharienne en langue locale : yorouba, igbo et haoussa »

Le 24 mai 2018 : Séance jeunes chercheurs [ANNULÉ]
Francis Mendjiengoue –


ABSTRACT
: Au Nigéria on compte environ 450 langues locales et 250 communautés, regroupées en quatre ethnies principales : le Haoussa, le Peul, le Yorouba, et le Igbo. Les langues les plus parlées sont l’Haoussa, le Yorouba et le Ibo. En plus de l’anglais comme langue de communication nationale, on pourrait aussi rajouter le pidgin.

La langue Haoussa fait partie des langues tchadiques, chamito-sémitiques. En 2011 elle était parlée par environ 50 millions de personnes dont les trois quarts se trouvent au Nigéria. Cette langue est aussi parlée dans d’autres pays d’Afrique : au Cameroun, au Benin, au Burkina Faso, en Côte d’ivoire, au Ghana, au Niger, au Nigéria, au Soudan, au Tchad, au Togo. Le yorouba, quant à lui, est une langue tonale de la famille nigéro-congolaise. Il est parlé au Benin, au Togo, aux Antilles, et à Cuba par les descendants d’esclaves africains pratiquants le syncrétisme. Cette langue est parlée aujourd’hui par environ 30 millions de personnes. Quant à l’Igbo, c’est une langue uniquement parlée au Nigéria et sa diaspora par environ 30 millions de personnes.

Le Nigéria est aussi un pays subdivisé en deux, le nord musulman et le sud chrétien. L’industrie cinématographique et audiovisuelle du nord est différente de celle du sud. Au nord, en plus des lois fédérales, il y a la pratique de la charia dans 12 Etats musulmans. Cette charia s’applique aussi dans les contenus vidéo produits dans chaque Etat musulman. Par exemple dans les vidéos, les filles ne doivent pas tourner en tenue légère. Kano est le pôle central de production des films musulmans, d’où le nom donné à cette industrie du nord du pays : « kannywood ». Tandis que dans le sud chrétien la production cinématographique est différente, et moins contraignante ; le centre de production se trouve à Lagos. On pourrait subdiviser la production du sud en trois catégories : yoruwood pour les films tournés en langue yorouba et igbowood pour les films tournés en langue igbo. A côté de ces trois cinématographies majeures, il existe d’autres petites « wood » d’une ampleur peu importante correspondant aux autres langues parlées au Nigéria, notamment le edo, le bini, etc. Selon Olivier Barlet, en 2004, 40 % des films étaient tournés en pidgin-English, 35% en yorouba, et 17,5% en haoussa et le reste en d’autres langues nigérianes.

Comme nous venons de voir, l’industrie du cinéma au Nigéria est subdivisée en plusieurs industries : l’industrie de la vidéo houssa, yorouba et igbo. Par manque de véritables productions locales dans différents pays d’Afrique listés précédemment ; ces films nollywoodiens s’exportent dans ces pays d’Afrique. Car ils ont en commun les mêmes langues vernaculaires l’haoussa, yorouba utilisé dans les différents films ainsi que les mêmes religions : musulmane ou chrétienne. Ces films divertissent et se rapprochent du quotidien des populations qui s’identifient directement à ces vidéos. Lorsque les films sont même produits dans ces autres pays d’Afrique, ils sont généralement destinés à une cible totalement occidentale « les festivals occidentaux » et sont parfois en déphasage avec les attentes des populations locales de ces différents pays ; alors que les films nollywoodiens sont tournés en leur langue locale, et traitent des thématiques africaines. Dans cette présentation, nous examinerons la circulation des films liée aux langues dans lesquelles ils sont tournés.

Bio : Francis Menjiengoue est actuellement étudiant en Master 2 Cinéma et audiovisuel à l’université de Paris 3 – Sorbonne nouvelle. Il est titulaire d’un diplôme en Management de la production audiovisuelle. Parallèlement, il a occupé des postes d’assistant de production et de post-production. Il a été chef de projet pour NRJ music awards dans le cadre d’un projet étudiant.

Amina Bensalah – « Enjeux culturels de la traduction cinématographique au Maroc : Cas de la prière de l’absent du réalisateur Hamid Benani »

Bio: Amina Bensalah est doctorante à la Faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Mohammed I de Oujda, Maroc. Elle a commencé une thèse sur la traduction au Laboratoire Langues, cultures et traductions, sous l’encadrement de M. TIJJINI Mustapha.

ABSTRACT : Les adaptations cinématographiques proposent des tournures idiomatiques et références culturelles propres à chaque pays. La diffusion de ces oeuvres hors de leur espace linguistique d’origine impose donc de recourir à des modes de traduction audiovisuelle tels que le sous-titrage. L’un des grands défis de sous-titrage consiste à restituer les dialogues le plus fidèlement possible, tout en respectant les contraintes culturelles.
Il est évident que les sous-titrages sont influencés par la culture puisque « les mots ne peuvent pas être compris correctement, séparés des phénomènes culturels localisés dont ils sont les symboles» (George MOUNIN, les Problèmes Théoriques de la Traduction, Paris :Gallimard, 1986, p: 207) aussi bien la culture originale du film que la culture du pays de sous-titrage. C. Whitman et Y. Gambier ont prouvé que le texte audiovisuel est un texte dont le langage est soumit à des restrictions culturelles. Alors que se passera-t-il lorsque ces mots sont différents des phénomènes culturels dont ils sont le symbole? Comment peut-on traduire la valeur culturelle portée par les films dans une langue étrangère à cette même culture ? Peut-on même traduire le culturel dans le film ou s’agit-il de l’intraduisible ?
Nous essaierons dans notre communication de répondre à ces questions en nous basant sur l’analyse d’un corpus des éléments culturels tirés des sous-titrages de « La prière de l’absent » (1995) du réalisateur marocain Hamid Bennani